Chaque art possède un élément qui fait de lui sa spécificité et qui le conduit à se distinguer. Dans la peinture, ce fut cette matière colorée huileuse qui permit à l’artiste de définir son œuvre et qui a donné son nom à l’art. Avec la photographie ce fut le film qui permettait d’imprimer la lumière et transmettre une part de la réalité. Avec l’IA générative d’image, c’est le bruit numérique qui fait l’image du moins dans la technologie la plus en vogue Stable Diffusion.

Ce bruit numérique c’est ce que distingue l’IA générative d’image et qui permet à l’artiste d’orienter son travail. L’IA générative d’image n’est plus simplement une image aléatoire, fruit du hasard. Elle est la somme de bruit numérique sur laquelle l’artiste peut intervenir pour y ajouter ou retirer du bruit. Voyons de plus près la technologie de Stable diffusion pour mieux saisir l’importance du bruit numérique.

Dans Stable Diffusion nous avons besoin d’une bibliothèque d’image pour débuter notre travail. Il en existe aujourd’hui des centaines libre de droits. Ces bibliothèques s’appellent des modèles. Elles sont construites à partir de milliers d’images. Grâce à un système d’apprentissage, il va apprendre à reconnaître ce qui se trouve dans ces images et les associer avec des mots. Ces images vont être réduites en petit format minuscule sous forme de bruit. Lorsque l’artiste va écrire son prompt, le logiciel de création va chercher dans cette bibliothèque à partir des mots ces minuscules images faites de bruit. L’artiste va déterminer le degré de précision qu’il souhaite et le degré de liberté qu’il offre au système de Stable diffusion par rapport à son prompt, sa requête. C’est-à-dire la plus ou moins grande conformité au prompt. Si le bruit est important dans cette technologie, le choix des mots aussi. N’oubliez pas qu’un mot peut être associé à différents types d’images et donc le produit de ces images auquel le mot est associé va être récupéré. C’est pourquoi le degré de liberté va influencer la variété des éléments associés à un mot. Ensuite le logiciel va récupérer le bruit et les mettre dans un contenant et le « débruiter » pour donner l’image. Le débruitage est un processus particulier puisque l’artiste peut choisir comment le débruitage a lieu, s’il veut un maximum de débruitage ou pas. Le débruitage va définir l’image. Finalement, moins de bruit, moins de détail et parfois plus de subtilité. Plus de bruit, plus de détail et parfois l’image peut être trop percutant. Cependant, l’artiste peut aussi décider d’enrichir le contenant de bruit qu’il aura généré. Ce bruit va se combiner à celui existant et enrichir l’image ou lui donner un nouveau style. L’artiste peut aussi injecter du bruit de manière plus ou moins contrôlé, bruit plus ou moins aléatoire qui va influencer le résultat. Dans ce processus l’artiste a accès à toute sorte d’outils qui vont lui permettre de contrôler le résultat de l’image finale. Ces outils vont permettre à l’artiste de modifier l’image, de changer son style, de l’enrichir, de l’améliorer, d’ajouter des éléments. L’artiste reste le maître de son œuvre comme le photographe le fut en son temps et sans doute bien plus encore. Alors prétendre encore que l’IA n’est pas un outil de création et lui nier le droit d’être un nouvel art comme le fuit la photographie est une aberration.

Les œuvres abstraites que je crée sont la mûre réflexion d’un prompt qui me donne un type particulier de variation d’image. À partir de cette variation, j’ai travaillé les plus intéressantes en les nourrissant de bruit, en les débruitant, en influençant le style, en en orientant la direction du fini, etc. Il y a un véritable travail de création quoiqu’en disent les détracteurs de l’IA générative.

Comme hier pour la peinture puis pour la photographie, c’est l’artiste qui tient en main la technologie et pas l’inverse. L’IA générative d’image est une nouvelle technique de création. Désormais, l’IA générative d’image pourra s’exposer dans des galeries et dans des musées comme ce fut le cas pour la photographie.